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Navigateurs, missionnaires, colons et bagnards
Perdue
dans le Pacifique, la Nouvelle-Calédonie n'est découverte et explorée
que tardivement, bien que plusieurs navigateurs, dont les Français Surville et Bougainville passent à proximité de la Grande Terre, respectivement en 1768 et 1769. L'Anglais James Cook, à bord de La Résolution, est selon toute vraisemblance le premier Européen à fouler le sol calédonien. Il débarque dans le havre de Balade, le 5 septembre 1774.
James Cook, 1773-1790

James Cook prend possession de la contrée au nom de Sa Majesté le roi Georges III et baptise l'archipel "New Caledonia".
Le havre de Balade, côte Ouest de la Nouvelle-Calédonie

Après
avoir tenté, en vain, de doubler l'île par le nord-ouest, il longe la
côte est jusqu'à l'extrémité sud de la Grande Terre et découvre l'Île
des Pins (baptisée ainsi en raison de la présence de nombreux
araucarias la recouvrant).
Les pins colonnaires, Île des Pins

Après
James Cook, le navigateur français La Pérouse est le
deuxième navigateur européen à explorer l'archipel en 1788, bien
qu'aucune preuve formelle ne puisse le confirmer aujourd'hui. En effet,
les deux vaisseaux de La Pérouse, La Boussole et L'Astrolabe
disparaissent corps et biens au large de Vanikoro, au nord de la
Nouvelle-Calédonie.
Le roi Louis XV et la Pérouse

L'Astrolabe et la Boussole
Une
trentaine d'années plus tart, Dumon d'Urville se rend à Vanikoro, où
l'Anglais Peter Dillon vient de découvrir le site du naufrage des
vaisseaux de la Pérouse et y récupérer différents objets.L'arrivée des missionnaires
Succédant
aux navigateurs, les missionnaires protestants de la London Missonary
Society (LMS) prennent pied sur l'Île des Pins, puis celle de Maré. Le
séjour des catéchistes de l'Île des Pins s'achève dans un bain de sang.
Dès 1854, les premiers Européens de la LMS s'installent à demeure en Nouvelle-Calédonie.
Conduits
par Mgr Douarre, les missionnaires européens catholiques débarquent de
la gabarre Bucéphale de La Royale sur l'archipel fin
décembre 1843 et y célèbrent, le jour de Noël, la première messe sur le
sol calédonien. Ils
s'appliquent par ailleurs, comme leur avaient demandé les officiers de
la Royale, à faire signer par les chefs autochtones qu'ils rencontrent
un acte de cession à la France de l'ensemble de l'Île.
Mgr
Douarre n'a de cesse de plaider la cause de la Nouvelle-Calédonie
auprès de Louis-Philippe et de ses principaux conseillers, peu enclins
d'exaucer ses voeux afin de ne pas froisser l'Angleterre.
Une
fois parti Le Bucéphale, Mgr Douarre et autres missionnaires se
retrouvent seuls. Apprenant la langue locale, plantant des cultures
vivrières et donnant des cours de catéchisme, ils remplissent leur
mission dans des conditions de vie éprouvantes et un isolement total. En effet, le premier navire se présentant de nouveau devant Balade, Le Rhin, ne leur rend visite qu'en septembre 1945! A cette occasion, ils découvrent la réalité de l'anthropophagie.
Après
une période de grâce d'environ deux ans, une franche hostilité prévaut
parmi les Néo-Calédoniens, d'abord dûe à une épidémie, qui épargne tous
les missionnaires, puis une famine. Cette hostilité se concrétise par
des actes de rapine et de destructions contre les réserves et
plantations des missionnaires. Le 18 juillet 1847, la mission est
pillée et incendiée.
Premier martyr européen en terre calédonienne, le père Blaise Marmoiton
est mortellement blessé, puis décapité. Les rescapés, ayant réussi à
s'enfuir dans un premier temps vers la mission de Pouébo, trouvent
finalement leur salut à l'arrivée de la frégate La Brillante. Ce triste épisode s'achève par une opération de représailles conduite par l'équipage de La Brillante.
La mort du père Blaise Marmoiton, vitrail de l'église de Balade
La prise de possession

Le
24 septembre 1853, le contre-amiral Auguste Febvrier-Despointes prend
possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de l'Empereur Napoléon III. Quelques jours plus tard, le contre-amiral prend possession de l'Île des Pins avec l'accord du grand chef des Kunié, Vandegou.
Monument commémoratif de la prise de possession.
Cet
empressement et le caractère secret de ces prises de possession
s'expliquent d'une part par les craintes d'annexion de la
Nouvelle-Calédonie par l'Angleterre, d'autrer part par l'intérêt
manifesté par la France de trouver une terre susceptible d'accueillir
un pénitencier. Si
la Guyane, plus proche de la métropole, est choisie par la commission
chargée d'examiner la question, la Nouvelle-Calédonie devient colonie
pénitenciaire en 1863.
Louis
Tardy de Montravel, commandant du Constantine, entreprend dès 1854
d'affermir la position de la France dans la nouvelle colonie, en
conviant notamment nombre de chefs de tribu rencontrés en divers points
de la côte à accepter la souveraineté de la France. 
En
plus du fortin édifié à Balade, Montravel se met en quête d'un endroit
susceptible d'accueillir un second poste fortifié. Son choix se porte
sur la baie dite de Numéa, au sud-ouest de la Grande Terre, où il va
découvrir une véritable "enclave" anglaise en terre française, sous la
houlette de James Paddon.
Ce dernier, ayant importé du bétail d'Australie, alimente la garnison française et lance de fait l'élevage calédonien.
Fin
1958, il cède l'île Nou aux Français, et reçoit en échange une forte
somme d'argent et 4000 hectares de terres en culture au Nord de Port de
France.
Depuis ces nouvelles terres, il suscitera un courant
d'immigrants australiens qui viendront s'établir et être à l'origine de
la future localité de Païta.
Cettte
influence anglo-saxonne se répand également aux Iles Loyauté pour s'y
prolonger pendant de nombreuses années, par l'entremise notamment des
pasteurs britanniques. De manière à contrer cette influence, des
troupes françaises sont déployées à Lifou et Maré, îles qui sont
ensuite proclamées dépendances de la Nouvelle Calédonie.
Ce sera également le cas d'Ouvéa l'année suivante.
L'implantation
et les relations entre catholiques et protestants ne se fait pas sans
heurt, donnant lieu à des troubles parfois meurtriers entre tribus. 
A Port-de-France, la situation est loin d'être paisible en raison de l'hostilité croissante des indigènes de la région.
Mécontent
de l'extension de la colonisation, le grand chef Kuindo entre en
rébellion ouverte, brandissant la menace d'une attaque contre
Port-de-France.
Cette menace se concrétise aux abords de la
localité, dans la Vallée des Colons notamment: en novembre 1885, cinq
colons y sont tués. Des cas d'anthropophagie sont même reportés.
Les opérations de harcèlement se poursuivent, en dépit des représailles menées, et trouvent leur point culminant
lors de l'assassinat d'un guetteur du sémaphore.
Port-de-France est dès lors placée en état de siège.
Kuindo, imité par d'autres chefs de la région, finit par se soumettre aux autorités.
En
1860, le bilan de la colonisation est des plus modestes (quelques 400
blancs), la
majorité des colons s'étant installée à Port-de-France et
ses environs, près de la rivière Dumbéa et au Mont-Dore.Le grand chef, Kuindo.
Le bagne

En
1863, un décret désigne la Nouvelle-Calédonie comme lieu de
transportation des condamnés à plus de huit ans de travaux forcés,
l'objectif étant d'éloigner les forçats de la métropole et de les
mettre ainsi à contribution pour mettre en valeur ces possessions
françaises éloignées.
Contrairement à la Guyane, dont le
climat décime les rangs des bagnards, la Nouvelle-Calédonie, dont il
est très difficile de s'évader, est une destination plus propice.
Le premier contingent débarque à Nouméa en 1864.
L'établissement
pénitentiaire prend forme petit à petit, sous les mains des forçats
notamment sélectionnés pour leurs aptitudes manuelles. Bientôt,
celui-ci compte une boulangerie, un hôpital, des exploitations
agricoles...

A
partir de 1866, les arrivées de forçats se font plus rapprochées.
Chaque navire, en provenance de la métropole, transporte environ 300
condamnés pour des traversées durant quelques 4 mois.
La frégate Iphigénie, transportant le premier contingent de bagnards.
Les
forçats sont répartis en quatre catégories, de la 1ère catégorie
rassemblant ceux qui donnaient satisfaction et pouvaient espérer, par
le jeu des remises de peine, une liberté conditionnelle et une
concession agricole, à la 4ème classe regroupant les indisciplinés,
affectés aux travaux les plus harassants. Au sein même de cette
catégorie, les forçats sont répartis en quatre sous-catégories. Dès
1876, les plus récalcitrants sont internés au terrible Camp Brun, non
loin de Boulouparis, dont il ne reste aujourd'hui aucun vestige. Comme
si l'on avait voulu effacer les traces de ce passé honteux...
Initialement
cantonné sur l'île Nou et sur les chantiers routiers, le bagne se
délocalise ensuite en brousse: Prony, Bourail, Canala...
Des
concessions provisoires sont même accordées aux bagnards de bonne
conduite, parallèlement à la mise à disposition de la main-d'oeuvre
pénitentiaire à moindre coût.
Ces nombreuses libérations ne sont
pas sans créer des problèmes au sein de la colonie, les colons "libres"
se plaignant de l'insécurité, mais également d'une concurrence jugée
par trop déloyale.
Néanmoins, les efforts consentis au profit des
bagnards ne cessent d'augmenter, ces derniers se voyant octroyer, en
plus de l'aide matérielle, un soutien affectif!
En effet, dès 1866,
des femmes retenues en détention en France sont incitées à se porter
volontaires pour aller trouver un mari en Nouvelle-Calédonie!

Grâce
aux efforts consentis par les gouverneurs successifs, et sous la
pression de la population, le nombre des concessions accordées aux
bagnards diminue considérablement jusqu'à l'arrivée de Paul Feuillet,
en 1894.
En 1897, la transportation cesse.
Au gré des décès des derniers pensionnaires de l'île Nou, le bagne tombe peu à peu dans l'oubli.
Ne subsistent que quelques rares vestiges, mangés par la végétation, et les descendants de ces colons "forcés".
Vestiges du bagne sur l'Île des Pins
Les déportés de la commune
De 1872 à 1880, la Nouvelle Calédonie accueille des déportés politiques, tels que les Communards, ainsi que des Kabyles accusés d'avoir participé à un soulèvement en Algérie. 
Hormis quelques 300 Communards condamnés aux travaux forcés, une majorité d'entre eux sont condamnées à la déportation simple sur l'Ile des Pins.
La
presqu'île de Kuto, transformée en domaine fortifié, accueille les
services administratifs et les détachements armés. Le territoire de
l'Île des Pins est divisé en cinq communes sur lesquelles cinq
villages, dont un réservé aux Arabes, voient le jour.
Sept ans
après le début de la transportation, un décret de remise de peine est
adopté et permet à une majorité d'entre eux d'être rapatriés vers la
métropole. Cimetière des déportés de la Commune sur l'Île des Pins

Parmi
les amnistiés se trouve l'une des personnalités les plus célèbres de la
Commune de Paris: Louise Michel. Comme elle l'écrit à Hugo, "on ne fait
pas six mille lieues pour ne rien voir et n'être utile à rien". Elle
est de fait l'une des rares à s'intéresser au peuple canaque et publie
un certain nombre d'ouvrages, dont "Les légendes et chansons de geste canaques".
Louise Michel, 1830-1905
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Lire "Le dramatique tour du monde de Surville: 1767-1773", de Alain Morgat, Service historique de la Marine.
Présentation de l'éditeur:
En 1769 la Compagnie française des Indes expédie le Saint-Jean-Baptiste
pour une circumnavigation commerciale qui le conduit de Pondichéry à
l'archipel des Salomon, puis de la Nouvelle-Zélande au Pérou.
Consécutivement paraît en 1783 le récit de l'abbé Rochon, intitulé
Nouveau voyage à la mer du Sud, qui est un témoignage extérieur.
Cependant Pottier de L'Horme, un des lieutenants du commandant
Surville, rédige son propre journal de façon d'autant plus libre qu'il
ne pense guère à une publication. Ses observations gagnent en
spontanéité ce qu'elles perdent en conformisme, tandis que de multiples
avanies renforcent l'intérêt pour ce calamiteux périple : noyade de
Surville, séquestration du navire, état sanitaire déplorable de
l'équipage. Le
manuscrit de Pottier, inédit mais conservé par le Service historique de
la Marine, voit le jour grâce à Alain Morgat, conservateur de la
bibliothèque, qui en a entrepris l'édition critique.
(retour)

Lire "L'archipel des forçats", de José-Louis Barbançon, éditions Septentrion.
Présentation de l'ouvrage: Louis-José
Barbançon est né le 12 avril 1950 à Nouméa. Il présente la
particularité d'être descendant de familles issues de la colonisation
libre du côté paternel et de la colonisation forcée du côté maternel.
Historien, il se consacre depuis plus de 30 ans au Bagne, domaine dans lequel il fait autorité.
"L'archipel
des forçats" retrace l'histoire de la transportation des forçats à "La
Nouvelle". Une histoire vécue à travers l'exemple du premier convoi de
250 forçats de l'Iphigénie, arrivés dès 1864.
(retour)

Lire "Légendes et chansons de geste canaques (1875)", de Louise Michel, presses universitaires de Lyon.
Présentation de l'ouvrage: Légendes racontées et illustrées par Louise Michel en 1875, pendant sa déportation en Nouvelle-Calédonie.
De retour en métropole, elle publie en 1885 des légendes très remaniées.
(retour)

Lire "Le grand livre du bagne", d'Eric Fougère, éditeur Orphie.
Présentation de l'ouvrage: Dans
son "Grand Livre du Bagne", Eric Fougère a voulu résumer sa recherche
et la rendre accessible. Etayée par de nombreux témoignages, illustrée
par une abondante iconographie, la réalité d'un enfer est établie.
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